Un travailleur malade pendant ses vacances ne perdra plus ses jours de vacances
Par le 28 Mars 2023À partir de 2024, un travailleur qui tombe malade durant ses vacances pourra convertir ses jours de vacances restants en jours de maladie. Par conséquent, il ne perdra plus ses jours de vacances et il pourra les prendre plus tard (au plus tard dans les 24 mois qui suivent l’exercice de vacances). Cette possibilité de report concernera aussi d’autres formes d’interruption de travail.
Le gouvernement vient de modifier l’arrêté royal fixant les modalités des vacances annuelles afin de se conformer à la jurisprudence européenne et à la directive concernant certains aspects de l'aménagement du temps de travail. En effet, la Cour de justice européenne estimait déjà en 2012 qu’un travailleur malade durant une période de congés payés avait le droit de prendre ses jours de vacances plus tard. Cette décision s’appuie sur le fait qu’un travailleur doit bénéficier d’au moins 4 semaines de vacances par an pour se reposer et se détendre, ce qui n’est pas le cas durant un congé maladie, puisque ce type de congé est exclusivement dédié à la guérison et à la convalescence.
Le droit aux jours de vacances est déterminé en fonction des prestations effectuées durant l’exercice de vacances. Les jours de vacances acquis pourront ensuite être pris durant l’année de vacances. L’année de vacances est donc l’année qui suit l’exercice de vacances. Les nouvelles dispositions dont il est question dans cet article ne modifient en rien ces principes.
1. Législation actuelle
1.1 Le travailleur est malade durant ses vacances annuelles
Jusqu’à la fin de cette année, tout dépend encore de la date de début de la maladie.
- Si le travailleur tombe malade pendant sa période de vacances, le contrat de travail reste suspendu durant les vacances. On applique alors le principe selon lequel « la première suspension prime ». Comme, dans ce cas, les vacances sont la première cause de suspension, elles priment sur la maladie et on considérera le travailleur comme étant en vacances. Il ne pourra donc pas reporter ses jours de vacances, et les perdra.
- Si le travailleur tombe malade avant ses vacances, la même règle s’applique : selon le principe voulant que « la première suspension prime », le travailleur sera considéré comme malade et pourra prendre ses vacances plus tard.
1.2 Report de jours de vacances non pris
Actuellement, les jours de vacances ne peuvent pas être reportés à une année de vacances ultérieure. Un travailleur qui n’a pas pu prendre ses congés en raison d’une suspension particulière (par exemple, une période de maladie) les perd. S’il s’agit d’un employé, l’employeur devra lui payer les jours non pris au plus tard pour le 31 décembre de l’année de vacances. S’il s’agit d'un ouvrier, il recevra son pécule de vacances via sa caisse de vacances.
2. Nouvelle législation, à partir de 2024
2.1 Les vacances annuelles coïncident avec une période de maladie ou certaines interruptions de travail
À partir de 2024, la distinction détaillée au point 1 disparaîtra. Un travailleur malade durant ses vacances pourra prendre ses jours de vacances à un autre moment. Ce sera aussi le cas lors de vacances collectives.
Toutefois, ce report ne sera possible que si le travailleur avertit immédiatement son employeur et lui remet un certificat médical. Le travailleur devra également demander expressément de prendre ses jours de vacances à un autre moment, en remettant un modèle spécifique de certificat médical, qui n’existe toujours pas actuellement. Si le médecin n’utilise pas ce type de certificat, le travailleur devra indiquer explicitement qu'il souhaite prendre ses vacances plus tard.
L’employeur devra toujours connaître le lieu où se trouve le travailleur si ce dernier n'est pas à son domicile. La procédure de contrôle ne change pas, même si le travailleur est malade durant ses vacances.
L'employeur devra alors renseigner ces jours comme jours de maladie et sera tenu de verser au travailleur le salaire garanti, comme le prévoit la procédure normale.
Exemple : un travailleur planifie ses vacances du lundi 8 janvier 2024 au vendredi 12 janvier 2024 inclus. Il tombe malade le mardi 9 janvier. Il pourra se déclarer malade du 9 au 12 janvier, et prendre ces 4 jours de congé plus tard.
Ces nouvelles dispositions ne s’appliqueront pas uniquement en cas de maladie. Les jours d’absence pourront aussi ne pas être considérés comme des jours de congé pour les suspensions suivantes : accident de travail / maladie professionnelle, autre accident, congé de maternité, congé de paternité (congé de maternité converti), absence en vue de participer à des cours ou à des journées d'étude consacrés à la promotion sociale; congé prophylactique, congé de naissance, congé d’adoption, congé pour prodiguer des soins et congé d’accueil.
2.2 Report de jours de vacances non pris
2.2.1 Généralités
Si le travailleur ne peut pas prendre ses jours de vacances avant la fin de l’année pour cause de malade ou d’une suspension reprise au point 2.1., il pourra les reprendre dans les 24 mois après la fin de l’année de vacances. Une absence en vue de participer à des cours ou à des journées d’étude consacrés à la promotion sociale ne permet toutefois pas ce report.
Exemple : le 1er décembre 2024, un travailleur a encore 7 jours de congé, et souhaite les prendre durant les fêtes. Il tombe malade du 16 au 31 décembre et ne peut donc pas prendre congé en 2024. Les jours non pris en 2024 pourront être reportés jusqu’au 31 décembre 2026.
Ce principe compte toutefois une exception : les jours d’éloignement complet du travail en tant que mesure de protection de la maternité. Pour ce type de congé, rien ne change et la travailleuse devra prendre congé avant le 31 décembre de l’année de vacances. En effet, ce motif de suspension n'empêche pas l'exercice du droit aux congés. En revanche, si la travailleuse fournit à l'employeur un certificat médical attestant que des raisons de santé l'empêchent de prendre ses vacances, elle pourra tout de même les prendre dans un délai de 24 mois.
Les jours de vacances reportés doivent être mentionnés sur l’attestation de vacances (au plus tôt fin 2024) : le travailleur pourra ainsi prendre ces congés s’il change d’employeur. Un travailleur pourrait ainsi bénéficier de plus de 4 semaines de congés légaux à partir de 2025.
2.2.2 Paiement du pécule de vacances
Les ouvriers recevront leur pécule de vacances de la caisse de vacances durant l’année de vacances. Les congés transférés sont donc payés anticipativement et non lorsque l’ouvrier les prendra effectivement.
En ce qui concerne les employés, l'employeur devra payer ces jours au mois de décembre de l'année de vacances s'il s'avère que des jours de vacances doivent encore être reportés au 31 décembre. L’employé recevra donc aussi son pécule de vacances à l’avance, et pas quand il prendra ses jours de congé.
Comme déjà mentionné, selon la réglementation actuelle, un travailleur ne reçoit qu'un pécule de vacances pour les jours non pris, sans que ces jours puissent être reportés. L'octroi d'une simple compensation financière ne suffira plus à partir de 2024.
3. En pratique
La nouvelle réglementation s'appliquera pour la première fois pour des congés pris à partir de l'année de vacances 2024, sur la base des prestations de l’exercice de vacances 2023.
Source : Arrêté royal du 8 février 2023 portant modification des articles 3, 35, 46, 60, 66 et 68 et insérant un article 67bis dans l’arrêté royal du 30 mars 1967 déterminant les modalités générales d’exécution des lois relatives aux vacances annuelles des travailleurs salariés.